L'Afrofuturisme, un mouvement émancipatoire

L'Afrofuturisme, un mouvement émancipatoire

Il y a plusieurs années de cela, je me promenais dans une librairie à la recherche d’un roman de science-fiction avec des personnages qui me ressemblaient, c’est-à-dire des personnages noirs ou métisses. Le libraire a été incapable de me conseiller malgré les milliers de références qu’occupent son rayon de littérature SF. Une question m’était venue en tête, comment pouvait-on imaginer un futur lorsque l’on est noir, métisse, asiatique ou sémite si aucunes de ces ethnies n’étaient représentées dans les romans de SF ou dans les films de SF ? Les auteurs de sciences-fiction imaginent des mondes en délaissant un grand nombre de la population.

Je suis ressortie de la librairie frustrée et bien décidée à trouver les références par moi-même. J’étais persuadée que quelque part des personnages et des mondes merveilleux m’attendaient, ils avaient juste à être découvert.

Afrofuturisme, kesako ?

Mes recherches m’ont menée vers le mouvement Afrofuturisme, et c’est ce dont nous allons parler aujourd’hui. Ce mouvement est un mouvement artistique né en 1994 et créé par Mark Dery. Il théorise ce concept dans son essai « Black to the Future”. Dans son livre, le terme est défini comme « une fiction spéculative qui traite de thèmes afro-américains et aborde les préoccupations afro-américaines dans le contexte de la technoculture du XXe siècle – et, plus généralement, afro-américaine.

Cependant, ce mouvement n’a cessé de grandir et aujourd’hui les afrodescendants du monde entier, sensible aux mêmes problèmes de sous représentation, font également vivre le mouvement. Aucun texte alternatif pour cette image

source : Octavia Butler, à Seattle, en 2004 (JOSHUA TRUJILLO/AP/SIPA / JOSHUA TRUJILLO/AP/SIPA)

En littérature, de nombreu.x.ses auteurs et autrices tel que Octavia Butler ont écrit des œuvres issues de ce mouvement. Elle disait à propos de sa littérature «Il n’y a rien de nouveau sous le soleil, mais il y a d’autres soleils». Cette métaphore révèle avec justesse l’importance de l’afro-futurisme.

Beaucoup d’artistes du mouvement imaginent ce que seraient les afro-descendants si le continent n’avait jamais été colonisé ni subi l’esclavage. En France, Léonora Miano a écrit un roman intitulé Rouge Impératrice en 2019, l’autrice nous donne son avis sur le terme l’afro-futurisme dans une interview de France Culture : “Dans Afrofuturisme, c’est le terme futuriste qui me dérange. Le futurisme, c’est un courant littéraire européen qui a des codes bien particuliers. Je ne crois pas qu’il suffise de mettre « afro » ou autre chose devant pour que la notion perde son identité. Moi je n’ai pas envie d’imaginer que l’Afrique n’a pas été colonisée, qu’elle n’a pas connu les déportations transatlantiques ni les traites transsahariennes. L’Afrique existe précisément sous le nom “Afrique” parce que ces événements ont eu lieu. Je n’ai pas envie de fuir mon histoire, ce qui m’intéresse surtout aujourd’hui, c’est voir ce que je peux en faire.”

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Une des œuvres les plus connues de l’Afrofuturisme est le film Black Panther, l’engouement des personnes afrodescendantes lui a permis d’être le troisième film le plus rentable du cinéma Nord-américain. Lorsque le film est sortie, je me souviens des salles de cinéma remplies, des vidéos qui circulaient où les personnes reproduisaient le salut emblématique du Wakanda. Ce film fut une heureuse révolution pour les afrodescendants du monde entier.

Nous avons parcouru ensemble une petite partie du mouvement Afrofuturisme, les œuvres et les artistes sont nombreux.ses. Je vous laisse à disposition des podcasts et des articles de presse pour vous éclairer davantage :

https://www.franceculture.fr/design/lafrofuturisme-une-esthetique-de-lemancipation
https://www.jeuneafrique.com/mag/369265/culture/arts-quest-ce-que-lafrofuturisme/
https://www.rfi.fr/fr/podcasts/afrofuturismes/

Auteur: agnes

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